Qu’est-ce qu’un roman parfait ? Un livre, peut-être, qui sait transformer en grâce instantanée la moindre de ses fragilités, et dont l’écriture ne cesse ainsi de surprendre, dans la fluidité de son naturel apparent, la tension aussi d’un dénouement que l’on espère et que l’on redoute tout autant. Une façon d’aimer, de Dominique Barbéris, est l’un de ces romans-là, à la fois limpide et comme voilé de mystère, qui raconte avec une évidence de chaque page un amour et un destin de femme, des années 1950 à aujourd’hui.
Par : Marwa Mourad
Qui est Dominique Barbéris ?
Nationalité : France
Né(e) à : Douala, Cameroun , 1958
Biographie :
Dominique Barbéris est une romancière française, auteure d’études littéraires et enseignante universitaire, spécialiste en stylistique et ateliers d’écriture.
Après une enfance vécue à Bruxelles puis à Nantes, elle fait ses études à l’École normale supérieure de Sèvres (1978) et à l’Université de la Sorbonne. Agrégée de lettres modernes, elle débute au lycée de Boulogne-Billancourt avant de rejoindre une compagnie d’assurances comme responsable de la communication, dont elle enseignera ensuite les techniques dans plusieurs écoles.
Elle revient ensuite comme enseignante à la Sorbonne, successivement en langues étrangères appliquées, puis à l’UFR de langue française où elle anime des cours de stylistique et des ateliers d’écriture romanesque, étendus depuis à Sciences Po Paris.
Auteure de romans et récits, elle consacre une large partie de son activité à l’écriture.
Membre du comité de lecture de la revue “Europe”, elle a publié de nombreux articles critiques, études littéraires (dont une étude de style consacrée à l’écrivaine Annie Ernaux) et préfaces (dont trois récentes consacrées à des classiques de la littérature anglaise : “Emma” de Jane Austen, “Contes de Noël” de Charles Dickens et” Jane Eyre” de Charlotte Brontë).

De quoi il s’agit ?
“Il n’était pas très grand ; des cheveux bruns, peignés en arrière et crantés, le front haut, une chemisette avec des pattes sur l’épaule. Il sourit en fumant. Puis tendit la main à Madeleine : Vous dansez ? Elle s’excusa : Non, je danse très peu, je ne danse pas bien. Mais il insista et la tira vers la piste.” Quand Madeleine, beauté discrète et mélancolique des années cinquante, quitte sa Bretagne natale pour suivre son mari au Cameroun, elle se trouve plongée dans un monde étranger, violent et magnifique. À Douala, lors d’un bal à la Délégation, elle s’éprend d’Yves Prigent, mi-administrateur, mi-aventurier.
Mais la décolonisation est en marche et annonce la fin de partie… Tendu entre la province d’après-guerre et une Afrique rêvée, Une façon d’aimer évoque la force de nos désirs secrets et la grâce de certaines rencontres.
Quel en est le but ?
La narratrice est parisienne. Elle habite un quartier un peu modianesque, comme son style, mais ses origines familiales ramènent d’abord dans la région de Nantes : c’est là que grandissent ensemble sa mère et sa tante Madeleine, dans un monde d’après-guerre, un milieu de petits commerçants presque sans hommes, corseté par la province et les conventions.
Madeleine veut échapper à ce déterminisme : elle se fiance à Guy, un homme plutôt fade mais rassurant qui va l’emmener « aux colonies », à Douala, au Cameroun, où il s’est installé pour des affaires assez modestes, et où ils auront une fille, « la petite Sophie ».
Madeleine est une jeune femme élégante, d’apparence un peu froide, riche en tout cas d’une opacité romanesque que Dominique Barbéris, elle-même née au Cameroun, travaille comme une matière à rêves, presque à énigmes : que lire vraiment dans ses yeux si clairs, son cœur qui semble étrangement mutique ?