Ce n’est plus qu’une question de temps. Ils vont se battre et se débattre, mais les Russes n’ont plus les moyens de gagner cette guerre. S’ils avaient pu, ils l’auraient fait dans les premières semaines de l’invasion. Ce qui reste à Vladimir Poutine, c’est de tout détruire. Sera-t-il assez fou pour en arriver là ? Ils pourraient encore la gagner comment cette guerre, les Russes ? Leur accès aux technologies sophistiquées que nécessitent les guerres modernes est étouffé par les sanctions occidentales. Ils peuvent toujours quêter un coup de main technique aux Nord-Coréens et aux Iraniens, mais ce ne sera que du raboudinage. Ils pourraient vider leurs prisons et forcer les rares jeunes qui traînent encore les rues de Moscou et de Saint-Pétersbourg à s’enrôler, mais ils le font déjà, en vain. Le ministère britannique de la Défense, dont les estimations sont considérées comme les plus objectives, avance qu’entre 40 000 et 60 000 soldats et mercenaires russes ont été tués depuis le début du conflit. Avec les blessés, les pertes dépasseraient les 200 000 combattants.
Comme dans le bon vieux temps
La Russie perdrait chaque jour, selon les experts, plus de soldats qu’à tout autre moment depuis le début de la guerre. Peu motivées, sous-équipées, sommairement formées, les troupes donnent l’assaut par vagues, vieille façon de faire soviétique consistant à épuiser l’ennemi ou à épuiser ses munitions à force de faucher des soldats. Cette insensibilité à l’égard de la vie humaine, nous en avons été témoins grâce à des images bouleversantes tournées autour de la ville de Vuhledar, dans le Donetsk, un des secteurs ukrainiens que Moscou veut rattacher à son territoire, et diffusées cette semaine par CNN. Une unité russe, coincée, se fait massacrer par des tirs d’artillerie, des attaques de drones et des mines ukrainiennes au sol. Le déroulement des opérations est tellement chaotique qu’un char russe, dans sa fuite, fait demi-tour et charcute le corps d’un de ses propres soldats avec une de ses chenilles.
L’arme du désespoir
Les Britanniques ont calculé que la Russie a déployé 97 % de son armée sur les lignes de front ukrainiennes. Tout le monde prédit une offensive massive que planifierait le Kremlin pour les semaines à venir. Avec des recrues de piètre qualité, difficile d’imaginer que cette nouvelle opération d’envergure russe réaliserait plus que ce que les meilleures troupes initiales n’ont pas pu accomplir. J’ai passé la semaine à Londres et ai pu constater que la détermination britannique à soutenir les Ukrainiens est aussi solide qu’à Washington. On peut se méfier des républicains au Congrès, mais Joe Biden en a encore pour 23 mois à la MaisonBlanche ; ce seront, croyez-moi, 23 mois ininterrompus de soutien à Kiev.