Par: Samir Abdel-Ghany
Qu’est-ce qui pousse un architecte à succès, déjà établi dans son domaine, à prendre une caméra pour immortaliser les grands artistes du monde pictural, rendant hommage à leur génie sans rien attendre en retour ? Puis, qu’est-ce qui l’incite à délaisser cet appareil pour saisir un pinceau et consacrer des années à un projet ambitieux explorant le conflit éternel et universel de l’humanité ? C’est l’histoire de Hassan Daoud, un artiste multidisciplinaire préoccupé par la condition humaine et ses luttes incessantes contre l’injustice, l’oppression et les guerres.
Avec une passion débordante, il s’est entouré des encouragements de figures majeures telles qu’Ezzedine Naguib, Ismat Dawstashi, Mohamed Abla, et bien d’autres, pour donner vie à une série de toiles bouleversantes.Dans son exposition actuelle, Daoud nous plonge dans une vision artistique teintée de poésie. Il compare l’échiquier à une métaphore des luttes humaines :« C’est un jeu pacifique entre deux esprits brillants. Mais dès qu’un tiers malintentionné intervient, l’amitié se mue en conflit, et le jeu devient un combat acharné. »Cette intrusion du “troisième joueur” bouleverse l’équilibre. Sous l’apparence d’un stratège manipulateur, il déplace insidieusement les pièces, semant la discorde. Sa perfidie plonge les joueurs dans la confusion et les conduit à des affrontements violents. Ses marionnettes, soumises à ses fils invisibles, détruisent royaumes et valeurs pour assouvir une soif insatiable de pouvoir et de richesse.
Une chronique de la violence humaine
Les toiles de Hassan Daoud décrivent un cycle sans fin : des batailles qui ravagent la terre, des civilisations qui s’éteignent, et des forces maléfiques qui continuent de planer au-dessus des échiquiers de la vie. Les guerriers, chevauchant des montures harnachées pour la guerre, dégainent leurs épées face à leurs ennemis. Les flammes des catapultes consument le vert des champs et l’azur du ciel, tandis que des armes plus modernes, comme les bombes nucléaires, réduisent tout en cendres.Les valeurs humaines tombent avec les pièces, les corbeaux attendent leur festin parmi les branches calcinées, et le hibou lugubre observe, caché dans l’ombre, se moquant du désespoir ambiant. Même la lumière de la lune disparaît sous le vol chaotique des chauves-souris.
L’espoir au milieu du chaos
Cependant, Hassan Daoud ne s’arrête pas à cette vision sombre. Il croit fermement que l’injustice et la tyrannie ne peuvent durer éternellement. À travers ses œuvres, il invite à l’éveil des consciences :« Malgré les haines et les conflits, l’espoir, l’amour et la beauté pure continueront de briller comme un phare illuminant les âmes.» Ce message d’espoir se traduit dans des scènes où les artisans, les paysans et les amoureux de la terre avancent avec des fleurs de paix. Même le “troisième joueur”, ce spectre inquiétant qui manipule les échiquiers de la vie, devient, dans les yeux des cœurs aimants, une simple épouvantail, une ombre sans pouvoir réel.
Une exposition incontournable
Le projet artistique de Hassan Daoud, né d’une profonde réflexion et nourri par des années de travail acharné, mérite d’être découvert, non pas une fois, mais des dizaines de fois. Ses toiles nous rappellent les luttes universelles de l’humanité tout en insufflant une lueur d’espoir, invitant chacun à repenser son rôle dans ce grand échiquier de la vie.
