Ce traité, qui situe en France le contrôle des entrées sur le territoire britannique, est l’une des causes qui incitent de nombreuses personnes à tenter la traversée de la Manche, au péril de leur vie. Mais depuis le Brexit, son application est remise en cause, rapportait Le Monde, dans son édition du 25 Novembre 2021.
La tragédie qui, mercredi 24 novembre, a conduit à la mort par noyade dans la Manche d’au moins 27 migrants, majoritairement des Kurdes d’Irak ou d’Iran, rappelle cruellement que des milliers de personnes essaient, au péril de leur vie, de traverser ce bras de mer pour rejoindre le RoyaumeUni.
Qu’importe si les barrières sont toujours plus nombreuses à défigurer Calais (Pas-de-Calais), son port et les abords du tunnel sous la Manche. C’est désormais sur des canots pneumatiques de fortune que les migrants tentent de s’élancer vers le Royaume-Uni depuis le littoral français. Ce phénomène dit des small boats illustre, outre la détermination extrême des personnes, l’échec de la gestion de la frontière franco-britannique. Face aux chiffres toujours plus grands de traversées – 26 000 depuis le début de l’année, trois fois plus qu’en 2020 –, la réponse des ministres de l’Intérieur français et britannique est sécuritaire. Quelques jours avant le drame, Gérald Darmanin et Priti Patel ont annoncé avoir convenu de « solutions techniques supplémentaires » pour combattre les passeurs. Ils comptent sur « l’utilisation de nouvelles technologies » pour étanchéifier la frontière.
A aucun endroit le compte rendu de leurs échanges n’aborde la question de l’asile. « Notre réponse structurelle, c’est de casser les réseaux de passeurs », confirme le ministère français de l’Intérieur. Pourtant, selon une étude de l’ONG britannique Refugee Council, 98 % des personnes qui ont réussi à atteindre le Royaume-Uni en small boat depuis 2020 ont demandé l’asile.
En raison des pays d’origine de la majorité de ces demandeurs – Iran, Irak, Soudan, Syrie, Vietnam, Erythrée, Afghanistan –, les chances sont grandes que Londres leur accorde une protection internationale. En 2020 et 2021, le taux de protection en première instance des Iraniens était de 67 %, de 28 % pour les Irakiens, de 70 % pour les Soudanais, de 88 % pour les Syriens. Le small boat est devenu la principale voie d’entrée des demandeurs d’asile au RoyaumeUni. Comme elle se substitue en partie à d’autres voies désormais taries (avions, camions), la demande d’asile demeure faible dans le pays.
D’après le HautCommissariat des Nations unies pour les réfugiés, si l’on additionne les demandes enregistrées en Europe et au Royaume-Uni en 2020, ce dernier n’était destinataire que de 7 % d’entre elles avec 36 000 demandes, ce qui le place en cinquième position. Si on rapporte ces demandes à la population des pays, il recule alors au 17e rang.