Depuis plusieurs années, l’Égypte mène une véritable quête de mémoire : récupérer les fragments de son histoire éparpillés aux quatre coins du monde. De la restitution en 2021 du fragment du sarcophage du prêtre Nedjemankh par New York, à la récupération en 2023 de plusieurs pièces majeures saisies par les autorités américaines, le pays œuvre avec constance, patience et détermination. Ces victoires patrimoniales, souvent arrachées après de longues enquêtes internationales, résonnent comme autant d’actes de justice rendus à une civilisation qui a façonné l’aube de l’humanité.
C’est dans ce sillage que s’inscrit l’annonce faite aujourd’hui : l’Égypte vient de récupérer 36 nouvelles pièces archéologiques en provenance des États-Unis, sorties du pays par des voies illicites il y a des décennies.
Un accomplissement majeur qui traduit la volonté ferme de l’État, conformément aux directives du Président de la République, de protéger son héritage et de défendre l’intégrité de sa mémoire ancestrale.
Une opération menée par l’ensemble des institutions égyptiennes
Cette restitution est l’aboutissement d’un travail incessant, mené par le ministère du Tourisme et des Antiquités, le Conseil suprême des antiquités, le ministère des Affaires étrangères et de l’Immigration, le bureau du procureur général – via son administration de la coopération internationale – ainsi que l’ensemble des services de sécurité et de contrôle concernés.
Cette cohésion institutionnelle, rare et exemplaire, a permis de faire triompher la loi et la légitimité historique.
Une fois arrivées au Caire, les pièces ont été reçues par un comité scientifique du Conseil suprême des antiquités, avant d’être transférées au Musée égyptien de Tahrir. Elles y seront restaurées avec minutie, puis intégrées au parcours muséographique afin d’être offertes au regard du public dans toute leur splendeur retrouvée.
Une coopération fructueuse avec les autorités américaines
Cet accomplissement est également le fruit d’une collaboration exemplaire avec les instances américaines, notamment le bureau du procureur de l’État de New York, dans le cadre du mémorandum d’entente entre l’Égypte et les États-Unis sur la protection et la restitution des antiquités.
Au-delà de la diplomatie, c’est la conscience partagée de la nécessité de lutter contre le trafic illicite d’œuvres culturelles qui a guidé ces efforts.
Le ministre du Tourisme et des Antiquités, M. Chérif Fathi, a salué cette victoire patrimoniale :
« La récupération de ces pièces confirme l’engagement inébranlable de l’État égyptien à préserver son identité civilisationnelle. Elle témoigne de la qualité du partenariat entre les institutions égyptiennes et américaines, et de la détermination commune à combattre le commerce illégal du patrimoine culturel. Nous poursuivrons sans relâche cette mission : chaque pièce sortie illicitement d’Égypte doit revenir chez elle. »
Des objets qui racontent la vie, la mort et la mémoire des anciens
Pour le Dr Mohamed Ismaïl Khaled, Secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, cette restitution ne représente pas seulement une victoire administrative ou juridique :
« Ces objets ne sont pas de simples artefacts. Ce sont des fragments vivants de l’histoire humaine, des témoins silencieux de milliers d’années de génie, de rêves, de rites et de savoirs. Leur retour est le fruit d’un travail scientifique et légal rigoureux, et une nouvelle étape dans la reconquête de notre patrimoine dispersé. »
Trois ensembles majeurs restitués
Selon M. Chabane Abdel-Gawad, directeur général des Antiquités restituées et superviseur des points de contrôle archéologiques, les pièces récupérées se répartissent en trois groupes :
1. Première collection : 11 objets restitués par le procureur de New York
Parmi eux :
· un masque de momie d’un jeune homme datant de l’époque romaine,
· un vase figurant le dieu Bes,
· une stèle funéraire en calcaire, également d’époque romaine.
2. Deuxième collection : 24 manuscrits rares remis par le Metropolitan Museum of Art
Spontanément restitués au consulat d’Égypte à New York, ces manuscrits présentent des textes en copte et en syriaque — des pièces d’une valeur culturelle inestimable qui éclairent l’histoire religieuse et linguistique du Proche-Orient.
3. Troisième collection : une peinture murale en plâtre polychrome
Datée du Nouvel Empire, probablement de la XVIIIᵉ dynastie, elle avait été saisie par les autorités américaines après avoir été formellement identifiée comme sortie illégalement d’Égypte.
Avec cette restitution, l’Égypte poursuit son long mouvement de rassemblement des fragments dispersés de son identité.
Chaque pièce retrouvée est une braise rallumée dans le feu sacré de la mémoire ; chaque retour est une manière de dire au monde que la civilisation égyptienne, loin de n’être qu’un chapitre de l’histoire, demeure une présence vivante, exigeante et profondément aimée.





