Par: Alia Abou El-Ezz
Le système de traçabilité pharmaceutique représente un outil stratégique majeur pour sécuriser l’accès des patients aux médicaments de qualité, pour protéger le marché égyptien, et aussi pour renforcer la confiance dans l’ensemble du secteur.
Les autorités sanitaires égyptiennes ont lancé les premières étapes concrètes d’un ambitieux système national de traçabilité des médicaments. Cette réforme, inédite dans le pays, vise à suivre chaque boîte de médicament depuis sa production jusqu’à son arrivée chez le patient, dans le cadre d’une stratégie globale de régulation et de sécurisation du marché pharmaceutique.
De son côté, le président de l’Autorité égyptienne des médicaments, Ali El-Ghamrawy a annoncé le démarrage des procédures exécutives du projet. L’objectif : renforcer le contrôle des chaînes d’approvisionnement, limiter la contrebande et éradiquer la fraude. La mise en œuvre opérationnelle est prévue pour novembre, après la publication au Journal officiel des procédures réglementaires qui définiront les responsabilités de chaque acteur : fabricants, entrepôts, pharmacies et autorités de contrôle.
Un suivi précis de chaque emballage
Chaque produit pharmaceutique se verra attribuer un code-barres unique contenant :
Le nom du médicament, le numéro de lot, le nom du fabricant ou de l’importateur, la date de production, la date de péremption.
Toutes ces informations seront enregistrées sur une plateforme électronique centralisée, permettant un suivi intégral du parcours du médicament.
Ali El-Ghamrawy a précisé que la mise en place complète du système s’étalera sur trois à cinq ans, un projet préparé depuis plus de douze ans. Selon lui, cette innovation permettra un contrôle en temps réel, une détection rapide des anomalies et une réaction immédiate, marquant « une nouvelle ère de transparence et de gouvernance dans le secteur pharmaceutique ».
Un marché en forte croissance
Le marché égyptien compte environ 17 000 produits pharmaceutiques fabriqués par plus de 170 usines locales. Début 2025, les ventes ont atteint un record d’environ 1,9 milliard de boîtes, avec une prévision de 33,9 milliards d’unités d’ici la fin de l’année.
El-Ghamrawy a par ailleurs assuré qu’aucune hausse des prix des médicaments n’est envisagée à court terme, soulignant que les tarifs dépendent de facteurs économiques comme le taux de change, le coût des matières premières importées, l’inflation et les taux d’intérêt. « Si le dollar baisse significativement, nous réduirons les prix », a-t-il affirmé.
Une étape historique saluée par les experts
Selon le directeur exécutif du Centre égyptien pour le droit à la médecine, Mahmoud Fouad l’instauration de ce système est « une étape historique ». Elle intervient alors que l’Égypte a obtenu le niveau 3 d’accréditation pour la fabrication pharmaceutique de l’Organisation mondiale de la santé, après trois ans d’inspections rigoureuses.
Selon lui, le projet permettra d’éliminer les médicaments contrefaits et de contrebande, de combattre les monopoles et le marché noir, et de garantir la disponibilité des traitements essentiels. Il implique l’ensemble des acteurs : fabricants, distributeurs, pharmacies, et autorités de régulation.