Cet essai de l’écrivaine britannique est écrit avec une plume mêlant ironie et réel questionnement sur la place de la femme dans la société des années 1920. Considéré comme l’un des textes les plus importants dans l’histoire du féminisme, Une chambre à soi revient notamment sur la difficulté d’écrire lorsqu’on est une femme à l’époque. Réédité et publié dans des dizaines de langues, cet ouvrage figure dans la liste des Cent livres du siècle, publiée par Le Monde en 1999.
Qui est Virginia Woolf ?
Virginia Woolf est une écrivaine anglaise née le 25 janvier 1882 à Londres et morte le 28 mars 1941 à Lewes, dans le Sussex. Considérée comme l’un des plus grands auteurs modernistes du XXe siècle, elle est principalement connue pour ses romans Mrs Dalloway, La Promenade au Phare et Orlando. Devenue une icône du féminisme dans les années 1970, elle est également célèbre pour ses essais Une chambre à soi et Trois guinées.
De quoi il s’agit ?
Une chambre à soi est un essai qui pose la question des conditions d’accès des femmes à l’écriture en particulier, et à l’art en général. Selon Virginia Woolf, le talent est une condition nécessaire pour écrire mais elle n’est pas suffisante ; il faut y ajouter l’indépendance financière et un espace intime, au sens propre (une chambre à soi) et au sens figuré (un espace mental propre, qui ne soit pas accaparé par les besoins des autres). Les principaux thèmes de ce livre sont l’émancipation féminine, la création artistique, les inégalités homme/femme, le génie littéraire.
Quel en est le but ?
Une chambre à soi est un essai fondateur pour les féministes occidentales du XXe et du XXIe siècle. C’est le premier texte qui dissèque le mécanisme de la création littéraire en la ramenant à des facteurs concrets et identifiables, le plus souvent matériels. En cela, Woolf désacralise l’auteur comme l’autrice et jette un regard critique et distancié sur la création artistique. L’artiste n’est plus héroïque et n’est pas voué à être maudit. D’autre part, en expliquant l’invisibilisation des femmes, Woolf a contribué à faire comprendre que l’argument habituellement avancé que les femmes n’étaient pas assez douées pour écrire était un argument de mauvaise foi, puisque tout était fait pour qu’elles n’accèdent pas à la publication de leurs œuvres ou à la notoriété. Par sa propre œuvre littéraire, Woolf a lutté contre ces processus d’empêchement et d’invisibilisation. La vie et l’œuvre de cette autrice ont donné lieu à plusieurs films : The Hours, en 2002, par Stephen Daldry, et Vita et Virginia, en 2018, par Chanya Button.