En Egypte l’on a l’habitude de lier toute occasion à des mets à consommer dans les rassemblements. Ces jours-ci, on célèbre l’Aïd Al-Adha, cette fête qui est étroitement liée à la consommation de la viande ainsi que de la « fattah ».
Par : Ingi Amr
Barbecue de la fête : Le repas qui rassemble
A Aïd Al-Adha, c’est incontournable de manger de la viande. Dans un appartement, un chalet ou une villa, à domicile ou dans une station balnéaire, un grand nombre de familles (aisées bien sûr), s’est préparé pour le barbecue de la Fête.
Un balcon, ou un jardin, la grille, la viande, le charbon, la famille rassemblée. Voilà toutes les conditions exigées. C’est un repas festif : le barbecue.
Quand on pense au barbecue et aux bonnes grillades, on pense généralement au barbecue charbon. C’est le modèle le plus connu et le plus répandu. Contrairement à ses homologues électriques ou à gaz, pour un barbecue réussi, il faut choisir le bon carburant !
Astuce : environ 4 L de charbon de bois pour 1 kg de viande. Autre astuce : Le couvercle d’un barbecue charbon doit toujours rester fermé pendant les cuissons pour avoir une cuisson parfaitement homogène sur la grille : température identique à gauche, à droite, devant ou derrière ; et aussi pour un taux d’humidité de + 20% comparé à une cuisson couvercle ouvert. Il évite aux aliments de se dessécher.
La viande doit être déposée sur la grille une fois que les flammes disparaissent. Quand vous apercevez des cendres blanches sur la surface des charbons, c’est le bon moment !
N’oubliez jamais que se sont bien les braises incandescentes qui cuisent les aliments. Le risque de cuire à la flamme, c’est de se retrouver avec une couche extérieure brûlée et un intérieur sous cuit.
Griller et santé
D’ailleurs, griller la viande est le moyen préféré pour la manger bien qu’il ne soit sans risque. Le danger vient du fait de cuire la viande à très haute température ou au-dessus d’une flamme. Certains composés naturels de la viande, tels que les sucres, la créatine et les acides aminés, se transforment en composés chimiques cancérigènes, soit des amines hétérocycliques (AH), lorsque soumis à une chaleur élevée de plus de 200 °C.
Quand le gras des viandes tombe sur le feu ou les briquettes du barbecue, il se transforme en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont des substances toxiques volatiles qui s’intègrent à la fumée et se déposent sur vos aliments. Il est donc conseiller de privilégier les viandes maigres. Selon certaines études, le fait de mariner la viande, peut réduire la formation de substances cancérigènes dans une proportion pouvant aller jusqu’à 90 %. Pour être efficace, la marinade ne doit pas contenir d’huile.
Qui dit Aïd Al-Adha, dit « fattah »
C’est Aïd Al-Adha, le Grand Baïram. Nous sommes donc en rendez-vous avec un plat à ne pas rater : la fattah. C’est le plat traditionnel de cette fête.
Il s’agit d’un plat composé d’ingrédients fixes : pain, riz et viande. Pourtant, la méthode de préparation diffère d’une région à l’autre. En Haute Egypte, le pain est frit avec de l’ail, on y ajoute un bout de soupe, on met dessus le riz et la viande en haut avec une sauce de tomate à l’ail et au vinaigre. Au Delta, le pain n’est pas frit, le riz est attendri par la soupe et garni d’ail au vinaigre et la viande se met en haut sans sauce de tomate.
Pourtant, la version classique de la Fattah est celle où l’on met le pain frit, puis le riz puis la sauce de tomate à l’ail et au dessus la viande.
Quelle que soit la version de fattah, vous la mangerez sans doute au Grand Baïram.
Quelques familles ont même l’habitude de la manger au petit déjeuner, après la Prière du Baïram. Bon appétit !
Souks d’Al-Aïd : Carrefour de rituels et de récits culturels
Lieu d’échanges, d’effervescence et de rencontres, le marché, d’une façon générale, ne se limite pas à un simple espace de transactions commerciales. Le souk incarne plutôt un monde à part, souvent riche de rituels, d’expressions et de codes d’après ses spécialisations.
Au temps des fêtes, c’est à travers les allées colorées et bruyantes des marchés, que l’on peut voir que le souk reflète les dynamiques économiques aussi bien que les liens sociaux et les imaginaires collectifs. Certains marchés prospèrent au temps de l’Aïd Al-Adha, et deviennent un véritable théâtre de la vie quotidienne.
Par Névine Ahmed
Les marchés aux moutons s’animent
Les marchés aux moutons et aux bétails s’animent avant l’Aïd Al-Adha. C’est le rendez-vous incontournable pour les acheteurs.
Dans toutes les provinces, ces marchés accueillent les acheteurs désireux de se procurer leur bête pour le sacrifice. L’activité atteint son apogée durant les 10 premiers jours du mois de Dhul-Hijjah, avec des noms de marchés emblématiques qui résonnent, comme celui de la région d’Al-Baraguil à Guizeh. Certains marchés se situent même dans des quartiers historiques, comme celui du quartier d’Al-Sayyeda Zeinab au Caire.
Chaque acheteur cherche l’animal qui correspond à ses besoins, parfois en s’associant avec d’autres pour partager les frais. Entre vendeurs et acheteurs, les négociations sont de mise, visant à trouver un prix équitable pour les deux parties.
… Et les marchés aux chameaux connaissent leurs beaux jours
Dans la ville de Bargach, à Guizeh, se tient l’un des plus vastes et renommés marchés aux chameaux d’Egypte. Avec ses 25 feddans et ses milliers de dromadaires, ce marché devient un véritable spectacle vivant à l’approche de l’Aïd Al-Adha. L’effervescence des transactions attire non seulement les acheteurs locaux mais aussi les touristes étrangers, curieux de découvrir cette tradition millénaire.
Le boom des barbecues
A l’approche de l’Aïd Al-Adha, les marchés connaissent une explosion des ventes de barbecues, devenus incontournables dans les foyers égyptiens. Cette montée en popularité traduit une tradition locale forte : la préparation de viandes grillées, un rite festif qui rassemble familles et amis autour des saveurs fumantes de l’Aïd. La pratique du barbecue s’impose ainsi, comme un élément clé des célébrations, transformant les rues en un véritable marché aux mille parfums.
Et parallèlement à l’essor des barbecues traditionnels, les modèles électriques gagnent en popularité dans les foyers égyptiens. Offrant une alternative plus propre et plus pratique, ces appareils, dont les prix varient entre 500 et 2000 LE, séduisent par leur facilité d’utilisation et l’absence de fumée liée au charbon. Cette tendance traduit un changement progressif des habitudes culinaires, tout en conservant le plaisir de la viande grillée au cœur des célébrations de l’Aïd.
Les couteliers affûtent leurs lames
Dans le célèbre quartier d’Al-Sayyeda Zeinab au Caire, la rue El-Madbaha- est le haut lieu de la fabrication artisanale de couteaux. Ce marché connaît une intense activité à l’approche de l’Aïd Al-Adha. On témoigne de l’effervescence des acheteurs venus préparer “la trousse du boucher” : couteaux, hachoirs, couperets et affûteurs. Chaque boucher tient à ce que ses outils soient parfaitement aiguisés avant le grand jour, perpétuant une tradition profondément ancrée dans les préparatifs de la fête.
Les bouchers et les ouvriers affluent vers les ateliers spécialisés pour affûter leurs couteaux et hachoirs, et se procurer tout le matériel nécessaire à l’abattage rituel. Les planches de découpe traditionnelles, appelées “qourma”, figurent parmi les articles les plus demandés. De nombreux citoyens, notamment ceux qui tiennent à effectuer eux-mêmes le sacrifice, viennent également s’équiper de leurs propres outils, faisant de cette période un moment intense pour les artisans du secteur.