Les danses folkloriques en Egypte sont un véritable trésor culturel qui reflète l’âme du pays. De la vibrante danse à Shamadan (chandeliers que porte la danseuse sur la tête) à la gracieuse Raqs Sharqi, chaque danse raconte une histoire unique et transporte les spectateurs dans un voyage à travers le temps. Les danses folkloriques égyptiennes sont riches en symbolisme. Chaque danse raconte les habitudes ou le vécu des habitants d’une région spécifique. Elles ne se limitent pas aux femmes, les hommes y participent également.
Ces danses folkloriques sont préservées et transmises de génération en génération. De nombreuses troupes et écoles se consacrent à la préservation de ces traditions. Bref, les danses folkloriques égyptiennes sont bien plus qu’un simple divertissement, elles sont une expression vivante de l’identité nationale et de l’unité du peuple égyptien. Dans ce dossier « mélodieux », Le Progrès Egyptien vous invite à faire une plongée dans ces chorégraphies riches en valeurs et en traditions. Régalez-vous !

Danse Saïdi : Une danse de l’Antiquité !
Par : Soha Gaafar
La danse Saïdi est l’une des danses les plus populaires en Egypte et est toujours admirée depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Ce type de danse comprend plusieurs éléments de base qui la distinguent, dont le rythme fort exécuté d’une manière très spéciale, et les mouvements techniques qui sont la quintessence des traditions ancestrales. Il y a une trace de ce type de danse dans les dessins pharaoniques et les écrits anciens. Les femmes de l’Egypte ancienne l’exécutaient généralement lors des événements sociaux officiels et de fêtes privées.
Au fil des ans, la danse Saïdi s’est développée dans de nombreuses régions d’Egypte, tout en conservant ses caractéristiques de base. L’une des observations importantes concernant ce type de danse est qu’elle est liée aux traditions des familles et des groupes locaux, et que certains pas et mouvements peuvent avoir une interprétation et une signification particulières.
La danse Saïdi maintient sa popularité dans différentes parties de l’Egypte et du monde arabe. A travers les disciplines internationales, la danse Saïdi se développe à des rythmes différents. Il existe également de nombreux festivals et concours organisés dans toute l’Egypte qui honorent ce type de danse et améliorent son esthétique.
De nos jours, la danse Saïdi est une partie essentielle du patrimoine diversifié de l’Egypte et continue, tout simplement, d’être admirée par tous les segments de la société. On s’attend à ce qu’elle continue de se répandre dans le monde, car elle attire de nombreuses personnes grâce à son esthétique élevée et à ses mouvements artistiques impressionnants.
Bref, la danse Saïdi conserve toujours son originalité et son attrait unique à travers le temps. Elle se développe cependant à des rythmes différents et est très populaire dans différents pays du monde, ce qui en fait un sujet d’intérêt et d’étude.

Danse Bambouti : La vie maritime en chorégraphie
Par : Hanaa Khachaba
La danse Bambouti est une danse folklorique spécifique à la ville de Port-Saïd en Egypte, située à l’extrémité nord du canal de Suez. Elle tire son nom de « Bambout », mot d’origine anglaise (boatman), qui a été déformé en « Bambout ».
Le Bambouti est devenu une personnalité emblématique de ce métier, avec son style de mouvement qui le distingue des autres professions. Les villes du canal ont connu cette profession depuis l’ouverture du canal en 1869. Certains habitants des villes se dirigeaient vers les ports et, dès qu’ils voyaient un navire, ils s’y dirigeaient avec de petites embarcations pour vendre leurs marchandises. Les étrangers, en les voyant, étaient ravis et disaient « boatman » et leur achetaient leurs marchandises, antiquités et souvenirs.
De là est née la danse du Bambouti, qui représente cette personnalité à travers une série de mouvements et de pas. Elle est connue dans les villes côtières et exprime le quotidien des gens de la mer, leurs rituels et leurs célébrations de la journée de travail et de la subsistance. Ils répètent des paroles simples et significatives sur les rythmes de la musique traditionnelle.
Elle est performée sur les mélodies de la Simsimiya. Ce fameux instrument de musique ressemble à une lyre ou à un luth avec un corps en forme de poire et un manche court. La Simsimiya accompagne souvent les danses Bambouti et d’autres formes de danses folkloriques à Port-Saïd. Les mélodies enjouées de cet instrument ajoutent une ambiance festive et captivante aux performances.
La danse Bambouti se caractérise par l’utilisation ou pas de quelques accessoires que les danseurs manipulent avec habileté et grâce, parfois des filets de pêche, pour ajouter une touche théâtrale ou symbolique à la chorégraphie, représentant ainsi un tableau vivant de la vie des pêcheurs pendant leur travail dur au large des mers, en ramant ou en tirant les filets de pêche remplis de poissons. Les mouvements des danseurs sont rythmés et synchronisés, créant une chorégraphie dynamique et captivante. Les danseurs portent souvent des costumes traditionnels colorés, comprenant des pantalons larges et des chemises ornées, avec le fameux chapeau blanc des marins sur la tête. Les femmes portent également des châles élégants et des bijoux traditionnels.
Appréciée tant par les habitants que par les visiteurs, elle est souvent présentée lors de festivals, de célébrations locales et d’événements culturels à Port-Saïd et est considérée comme un symbole de l’identité culturelle de la ville. Cette danse folklorique unique reflète effectivement l’histoire maritime et la richesse culturelle de la ville.
En 1989, la troupe Tamboura des arts populaires a été créée dans le but de recueillir le patrimoine du Bambouti, de raviver leurs chansons et les danses qu’ils exécutent pendant leur travail.
Danse Sharqi: Des secrets à dévoiler…

Par : Nermine Khattab
La nature créative est propre à l’esprit féminin. La danse Sharqi ou Baladi, cette danse orientale, propose tout un champ pour se réaliser et traduire ses aptitudes artistiques. Le fait d’être unique et incomparable est souligné dans cette danse purement égyptienne avec tout ce qu’elle comporte de couleurs de fascination.
Dès qu’une danseuse, soit-elle professionnelle ou débutante, commence à comprendre sa singularité et son talent, le monde se met à briller de mille couleurs. Et au moment où elle maîtrise les règles de cet art, elle peut donc créer sa propre danse qui reflète sa culture et sa perception du monde. D’une génération à l’autre, chaque nouvelle danseuse ajoute son « bagage de talent » à l’actif de cet art tellement singulier qui dépasse tous les aspects expressifs.
Depuis belle lurette, les temples se montrent comme le fief de la danse. Sur certaines fresques anciennes, on peut voir des femmes danser pour invoquer les dieux surtout Hathor, la déesse de la fertilité. Il existait également une croyance fort répandue selon laquelle la femme possédait un pouvoir magique, celui de concevoir la vie.
Ainsi, traditionnellement la danse orientale était-elle exécutée par les femmes lors des rites de fertilité. Les femmes faisaient tournoyer leur corps et onduler leur ventre afin d’acquérir les faveurs de la déesse de l’amour et de la fécondité, symbolisant ainsi les mouvements de la conception et de l’enfantement.
Véritable atout pour le corps féminin
Expression d’émotions et de sensations, la danse Sharqi, unique en son genre, est une richesse artistique et un patrimoine culturel indéniable, véritable atout pour le corps féminin, éveillant une part de sensualité plus ou moins retenue chez la femme. Faisant appel au charme, tous les types de corps s’adaptent à cette chorégraphie. La danse orientale est d’autant plus épanouissante pour le corps qu’elle le valorise. Entre art, séduction et performance sportive, toutes les parties du corps sont en mouvement continu. Tellement féminine, la danse fait revivre la gent féminine de tous les âges et de toutes les origines faisant à la fois la joie des femmes et des spectateurs.
De façon générale, cette danse, raffinée, innovatrice à l’opposé des clichés passéistes, se caractérise par la souplesse et la sensualité des mouvements. Elle a cette puissance de s’accorder délicatement avec le corps sailli de la femme puisque sollicitant souplesse et tonicité du buste, des épaules, des bras, des mains et du bassin, mais surtout du ventre. Ces immenses mouvements de va-et-vient du bassin portent plusieurs à croire qu’une danseuse doit avoir de la ligne, et un ventre bien aplati. Bien que la plupart des danseuses soient sveltes, il y en a d’autres aussi habiles et douées mais toujours pulpeuses. L’essentiel n’est pas la rondeur mais la souplesse, la grâce et la sensualité qu’elle peut apporter.
Vêtements riches en couleurs
Les costumes de danse Sharqi sont bien singuliers dans tous leurs détails, riches en couleurs et de très bonne qualité. Par-dessus, les danseuses orientales portent des voiles colorés transparents en plus d’un soutien-gorge recouvert de paillettes et de franges. En général, la partie du ventre est dénudée pour afficher les vibrations ondulées du bassin et la souplesse du mouvement. On trouve souvent les danseuses accompagnées d’une paire de sagattes au bout des doigts (cymbalettes).
Quant aux bijoux, ils ne sont pas sophistiqués, seulement quelques accessoires ornant le haut du bras et des boucles d’oreilles. Mais leur maquillage est en revanche très développé. Du khôl autour des yeux, des tatouages au henné sur les mains, les pieds. Pour la chevelure, elles ont tendance à la laisser flottante.

Danse Tahtib : L’art de la danse du bâton plurimillénaire
Par : Marwa Mourad
Venant du temps des pharaons, le tahtib prend forme en Egypte. Cet art du combat à l’allure dansante se transmet de génération en génération. Une maîtrise bien gardée et qui n’empêche pas les plus passionnés de le faire évoluer pour en faire un sport d’art martial à part entière.
Au vu des inscriptions en hiéroglyphes, l’ancienneté du tahtib est estimée par des égyptologues à environ 2600 ans avant J-C. Un sport antique qui, en Egypte, est enseigné par ce que l’on peut appeler des maîtres du tahtib. Ces professeurs détiennent le secret et le savoir pour une parfaite maîtrise de cet art martial égyptien.
Qui dit danse de bâton, dit musique ! En effet, tout au long du combat, les adversaires sont accompagnés d’une musique traditionnelle aux différentes sonorités du mizmar et du tambour. Cette spécificité permet au tahtib de mieux se distinguer en alliant cet art corporel à l’art de la musique.
Le tahtib, c’est quoi ?
De la musique et un bâton en bois d’1 mètre 30 c’est tout ce dont les joueurs auront besoin. Comme chaque sport qui se respecte, il est nécessaire de saluer son adversaire. Ici, les adversaires se saluent en élevant leur bâton vers le ciel, sautillant et dansant sur les airs de musique.
Lors du combat, le joueur cherche à éliminer son adversaire. Pour atteindre son objectif, il lui faut toucher ce dernier sur la tête une seule fois ou toute autre partie de son corps deux fois. Pour ne pas s’éliminer, le joueur se doit de rester à l’intérieur du cercle afin de maîtriser son bâton et contrer les coups.
Le tahtib moderne
Le combat en lui-même ne relate en rien un caractère violent, bien au contraire, sa pratique permet de développer un esprit combatif et inculquer le respect. D’importantes valeurs que l’on retrouve dans d’autres sports tels que le karaté ou le judo par exemple.
Pour ces nombreuses raisons, les plus passionnés de ce sport souhaitent faire reconnaître la pratique du tahtib dans le monde afin de ne pas perdre ce patrimoine. Des efforts, qui semblent être dans la voie, car depuis 2016, cet art du combat s’est fait reconnaître par l’UNESCO comme patrimoine immatériel. De nos jours, appelé « Modern Tahtib » cet art ancestral se joue dans des tournois. Il est présent sous différentes formes :
– En groupe (Tashkilas) généralement composé de 4 à 10 membres.
– En joutes codifiées (un duo)
– En joutes libres (jouée en duel)
– En combat à 360 degrés, composé d’un défenseur et de trois attaquants.
Pour le fondateur du Modern tahtib, Adel Paul Boulad, ce n’est que le début d’une belle aventure souhaitant que cet art martial soit inscrit aux Jeux Olympiques de 2032.

Danse nubienne, un mode de vie
Par : Alia Abu El-Ezz
Imitant les douces vagues du Nil (source de subsistance des Nubiens pendant des millénaires) et l’agitation gracieuse des feuilles de palmier, « Aragide » – ou la danse folklorique populaire – est la façon dont tous les Nubiens expriment leurs sentiments, leur joie et leur chagrin. Elle traduit la beauté, la grâce et les rythmes de la musique et des chansons nubiennes en une expression corporelle charmante.
Les Nubiens n’ont pas besoin d’apprendre la danse Aragide. Leurs mouvements surgissent naturellement d’eux-mêmes comme un hommage vivant aux musiciens, poètes et chanteurs qui offrent leurs chansons aux gens qui les entourent.
Les Nubiens dansent au moment du chagrin. Ils tapent les mains dans les tribulations et frappent le sol de pieds stables pour faire des rythmes qui symbolisent l’esprit, la gloire, la fierté, la constance et le défi.
La danse chez les Nubiens est également associée à la saison de plantation et de la récolte. La danse, les mélodies et le chant ne sont pas uniquement un héritage, mais aussi un mode de vie, un comportement humain et une habitude quotidienne.
Les Nubiens forment une communauté très liée dans laquelle tous les membres partagent la plupart des aspects de vie communs. Cette sympathie, cette attention et cet amour mutuels encouragent et valorisent les activités communes telles que le chant et la danse.
L’Aragide est principalement dansé par des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes lors des longues cérémonies de mariage, des fêtes religieuses et autres événements culturels et traditionnels. Cependant, il peut également être dansé pendant les cérémonies de deuil, permettant à la tristesse profonde de se diluer légèrement.
Inspirés par la beauté de la danse Aragide, de nombreux jeunes hommes forment leurs propres troupes « Aragide », s’entraînant pour une coordination parfaite de leurs mouvements et ajoutant de nouveaux pas et mouvements créatifs. Leur formation et leurs performances sont une opportunité bienvenue de se retrouver, de partager leur amitié et de chanter.
Danse Tanoura : Tourner en rond pour lier Ciel et Terre
Par : Névine Ahmed

La danse « Tanoura » ou danse de jupe est plus qu’une danse ou une représentation de divertissement. C’est l’une des plus belles danses populaires et qui serait éclatante et vibrante. Elle allie la splendeur du spectacle, la diversité des costumes et la richesse de ses couleurs aux chants, supplications et louanges au Prophète.
« Tanoura » est la traduction arabe de « jupe » et l’origine de cette danse est turque. C’est l’appellation qui a été reprise ensuite en Egypte, car il s’agit de la pièce la plus importante du costume du derviche-tourneur et aussi… la plus voyante.
Apparemment, la danse Tanoura est basée sur l’exécution de quelques formations artistiques exquises à travers le mouvement circulaire des danseurs, accompagnées de phrases musicales au rythme varié et de chants lyriques qui profèrent un état de sérénité et donnent du plaisir au spectateur.
Mais le sens philosophique de cette danse est encore plus profond. L’idée est plutôt basée sur l’enroulement ou la rotation autour de l’âme, comme si le danseur célébrait l’univers et le cycle de la vie. Cette danse nous fait sortir de notre vie ordinaire pour penser et méditer sur les dimensions infinies de l’univers. Ainsi l’origine de l’idée de rotation découle-t-elle de ce qui se passe dans l’univers et dans la terre…
L’atome tourne en rond, les corps célestes tournent autour d’eux-mêmes et autour du Soleil, et voilà aussi les musulmans tournent autour de la Kaaba. L’essentiel dans ces mouvements en rond, est de se débarrasser petit à petit de la terre pour méditer et surtout se diriger vers le ciel pour se débarrasser des péchés. Le danseur, en tournant, lève le bras droit vers le ciel, alors que le bras gauche pointe la terre, pour simuler avec son mouvement rond, l’ascension de l’âme qui quitte et se débarrasse progressivement de la terre pour monter vers le ciel. Des experts philosophes expliquent donc que l’utilisation de cette rotation dans la danse vise à épuiser le corps et d’élever l’esprit pour l’épurer.
Le chercheur dans le folklore, Mohamed Amin pense que l’histoire de la danse de Tanoura a commencé avec les « tekiyyahs », où chaque prince ou cheikh d’un ordre soufi avait une « tekiyyah » (un lieu considéré comme un hôtel pour accueillir les voyageurs, les pauvres, les étrangers et les derviches) où la plus célèbre était celle de Jalal Eddine Al-Roumy ou « Mawlana » (un titre honorifique que lui avait donné son père à Konya, en Turquie).
Les cercles de « dhikr » commençaient par faire un rond de pas moins de quarante derviches vêtus de costumes aux différentes couleurs vert, rouge, noir et blanc. A chaque répétition de « dhikr » , les derviches penchent la tête et le corps et marchent dans la direction de la droite, de sorte que tout le cercle tourne rapidement. Après une courte période, l’un des derviches commence à tourner autour de lui au milieu du cercle pendant qu’il travaille avec ses jambes et ses mains tendues, puis il accélère son mouvement, de sorte que ses vêtements (jupe ou tanoura) s’étalent sous la forme d’un parapluie. Il continue de tourner pendant environ dix minutes puis il s’incline devant son cheikh, qui est assis à l’intérieur du cercle, puis rejoint les derviches qui prononcent et répètent vigoureusement le nom de Dieu.
Cette danse a ainsi ses mouvements expressifs accompagnés de certains instruments de musique, et constitue une tradition inébranlable, inchangée et intemporelle au fil de l’Histoire.