Plongés dans l’austérité, les pays qui souffrent le plus de la crise sanitaire n’ont pas les ressources pour en sortir et ont besoin de finance–ments extérieurs. Mais la solidarité mon-diale n’est pas tout à fait au rendez-vous, analyse le Monde.fr. Ce sont deux chiffres qui illustrent le basculement en cours dans l’économie mondiale, depuis le début de la crise du Covid-19, il y a un an. Dans ses prévisions d’avril, le Fonds monétaire interna–tional (FMI) anticipe une croissance économique exceptionnelle de 6,4 % pour les Etats-Unis en 2021, alors qu’il prévoit une année désastreuse pour l’Afrique sub-saharienne. La hausse du produit intérieur brut (PIB) dans cette région ne devrait pas dépasser 3,4 % en 2021, la plus faible au monde. Autrement dit, la pandémie creuse dangereusement les inégalités entre pays riches et pauvres, et stoppe l’ascension des émergents. Cette crise ne ressemble en rien à la précédente. En 2008, les pays riches avaient été ravagés par la crise financière alors que les pays émergents s’en étaient sortis avec seulement quelques égratignures. C’est aujourd’hui l’inverse : les Etats-Unis devraient retrouver, dès la fin de l’année, leur niveau de PIB d’avant la crise, alors que la convalescence devrait durer des années pour les émergents, voire jusqu’à quatre ans pour les pays d’Afrique subsaharienne. La crise pourrait faire plonger dans l’extrême pauvreté 150 mil–lions d’habitants, principalement dans les pays en développement, d’ici à la fin 2021. A l’origine de cette grande divergence, plusieurs raisons sont évoquées par les économistes : il y a bien sûr les campagnes de vaccination à plusieurs vitesses, la capacité de certaines économies à mieux s’adapter au confinement grâce au numérique, ou encore le degré de dépendance envers des secteurs sinistrés par les restrictions sanitaires comme le tourisme. Et surtout, les pays en développement n’ont pas les mêmes ressources ni les mêmes capacités administratives que les pays riches pour se protéger de la crise et relancer leurs économies.Avec peu de moyens, ils ont pourtant multiplié les mesures de protection socia-le. La Banque mondiale en dénombrait 1 414 dans 215 pays en décembre 2020, contre seulement 103 dans 45 pays quelques mois plus tôt, en mars 2020. Une gageure dans des pays où les pauvres – migrants sans adresse, travailleurs du secteur informel et citoyens sans pièce d’identité – échappent souvent aux filets de protection sociale et sont introuvables dans les bases de données de l’administration.