Peu bavard, Ragaie Wanis ne se livre pas facilement aux critiques d’art, ni aux journalistes. Il a constamment choisi d’être réel, authentique et sincère. Il préfère transposer avec beaucoup d’astuces et d’authenticité sa riche expérience dans le domaine de la caricature. Mais, comment cet homme à l’âme tendre et au pinceau magique a-t-il découvert sa passion pour l’art ?
Tout a commencé en 1950, lorsqu’il a eu l’occasion de voir le magazine « Rosa El-Youssef » pour la première fois dans la maison de l’un de ses proches. « J’ai été fasciné par les dessins de caricatures sur la couver[1]ture. A partir de cette date, je suis tombé amoureux de la caricature », a-t-il dit, en ajoutant « j’ai fait mes premiers pas dans la presse en 1955 dans la maison de presse Dar Al-Hélal. C’est le grand journaliste Foumil Labib qui a vu quelques-uns de mes dessins à Benni Soueif et qui lui ont plu. Lorsque le magazine « Sabah El-Kheir » (Bonjour) a été lancé en 1956, j’ai été contacté pour y travailler. A l’époque, je visitais le grand caricaturiste Abdel-Sam’ie, puis le caricaturiste Georges. Sabah El-Kheir était une porte ouverte aux jeunes talents et à la créativité.
Wanis reconnaît que de nombreux caricaturistes ont eu un impact sur sa carrière et sur celle de ses confrères. Il cite en particulier le nom de Georges Bahgouri. Celui-ci a un grand impact sur tous les caricaturistes qui l’ont succédé. « Nous avons échangé une correspondance sarcastique autour de notre vision concernant l’actualité en 1970. Il m’a demandé la permission d’en publier une partie. J’ai accepté immédiate[1]ment car je suis son disciple et il est très cher à mon cœur », a-t-il ajouté. Autour de l’art du sarcasme, Wanis a dit : « Le sarcasme est à mon avis un art très sérieux. Il dépasse les blagues qui sont en général ajoutée à l’art de la caricature.
C’est pourquoi, j’ai inventé cette technique pour m’exprimer librement dans mes messages avec mon ami Bahgouri et avec un autre ami italien que j’avais connu au Japon. Je pense que cet art est fait pour critiquer et non pour consoler. Cela n’est pas toujours possible dans la presse. J’avoue avoir été influencé par de nombreux artistes mondiaux qui ont œuvré en faveur de la liberté, dont des artistes français, anglais et allemand ».Wanis se rappelle des moments forts de sa carrière : « Je me rappelle du grand écrivain Ihssane Abdel-Qodousse qui était mon rédacteur en chef. Il m’a appelé un jour pour m’informer qu’il m’a choisi pour me rendre au Japon et à Hong Kong avec Moufid Fawzi pour faire les dessins qui accompagnent les textes de Fawzi. Je me rappelle être tombé amoureux férocement du Japon.
Après j’ai décidé de m’y installer pendant une certaine période. Evidemment, cela n’était pas facile. J’ai dû me battre pour réaliser mon rêve, mais je l’ai enfin réalisé. Cela, j’en ai parlé dans mon premier et second livre sur le Japon ». Autour de son expérience particulière, il se rappelle de la période de sa vie qu’il a passée en Australie. « En Australie, les artistes sont sollicités dans les hôpitaux thérapeutiques. Traiter les malades par l’art du des[1]sin est un outil majeur. J’ai pensé faire cette expérience pendant un an. Or, j’y suis resté 25 ans. J’ai senti que mon âme est liée à ces malades et qu’ils ont besoin de mon art».
Quant à la jeune génération de caricaturistes, il reconnaît ne pas connaître la majorité d’entre eux, mais il a assuré : « J’aime bien les dessins de Doaa Al-Adl, ses dessins ne sont pas superficiels.