Le 25 janvier est une journée spéciale pour le cinéma égyptien et international. C’est l’anniversaire du réalisateur international Youssef Chahine ou “Le professeur” comme surnommé par ses étudiants. Il a été considéré comme l’un des plus grands réalisateurs égyptiens, ayant tourné une grande variété de films pendant plus de cinq décennies. Chahine est l’un des cinéastes qui ont élevé le cinéma égyptien à la renommée internationale et un défenseur bien connu des droits des femmes. Il y a 12 ans, Chahine s’éteignait, après une vie consacrée au cinéma. Joe, comme ses amis l’appelaient, est le réalisateur égyptien le plus connu des milieux occidentaux. Allons-y alors dans les lignes suivantes à la quête de sa commémoration… Youssef Chahine est né à Alexandrie en 1926. Il se rend à Hollywood pour étudier le théâtre à Pasadena Playhouse, en Californie, en 1946. À son retour, il décide de passer du théâtre à la réalisation.Chahine réalise son premier film « Baba Amin » (Dady Amin) en 1950. L’année suivante, il réalise son second, « Ibn El-Nil » (Fils du Nil), qui est son premier film présenté au Festival de Cannes. Un autre de ses films célèbres, “Al-Ikhtiyar” (Le choix), a reçu un Tanit d’or au Festival du film de Carthage en 1970.Neuf ans plus tard, « Eskenderia Leh » (Alexandrie… Pourquoi ?), réalisé par Chahine et narrant sa jeunesse, remporte un Ours d’argent et un prix spécial du jury au Festival international du film de Berlin.Il a poursuivi le quatuor autobiographique avec « Hadouta Masryia » (Une histoire égyptienne) en 1982, « Eskendria Kaman we Kaman » (Alexandrie encore et encore) en 1990 et « Eskendria…New York » (Alexandrie…New York) en 2004.Chahine a coopéré avec la légendaire chanteuse française Dalida dans « El-Youm El-Sades » (Le sixième jour). Elle a joué le rôle d’une femme égyptienne pauvre et humble. Il a également créé une société de production nommée “Aflam Masr El-Alamya” (Misr International Films), produisant de nombreux films, dont certains ont été réalisés par d’autres réalisateurs, tels “Shafiqa we Metwally” (Shafiqa et Metwally) d’Aly Badrakhan.El-Maseer (Le Destin) a été nominé pour la Palme d’Or en 1997, et contre toute attente, le film n’a remporté aucun prix au festival. Sa coopération avec des sociétés de production françaises et le choix de thèmes faisant appel au goût occidental ont été sa clé pour entrer sur la scène internationale. En 1997, Chahine a reçu, parmi de nombreux autres prix, le 50e prix annuel pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Cannes. Youssef Chahine a laissé un héritage de 42 films, commençant en 1950 avec “Papa Amin” et se terminant avec “Chaos” en 2007.
Ecole de réalisation
Chahine Chahine a un style rare dans la réalisation de ses films. Il avait l’habitude de jouer pour les acteurs pour les amener à jouer la scène comme il le voulait. Cela a été clairement montré dans son film brillant “Al Mohager” (L’immigrant), où les pharaons parlaient dans un dialecte familier, à la manière dont il parle lui-même. Il avait une façon de parler très distincte : courte et rapide. Ce modèle a été largement critiqué, mais le film a été un énorme succès, bien que controversé en raison de l’idée que le héros du film est le prophète Joseph. Selon l’édit religieux d’al-Azhar, les prophètes ne doivent pas être personnifiés dans le drame. Chahine a changé le nom en “Ram” et a contourné la décision. Les images ont littéralement parlé dans ce film dû au génie de Ramses Marzook, le directeur de la photographie.Son style distinct a été montré dans “Bab el Hadid” (Gare du Caire) en 1958. Les marginalisés – une expression inconnue à l’époque – ont été montrés dans ce film. Il a joué le rôle du personnage handicapé mental qui tombe amoureux de l’une des filles vendant du soda sur le pont de la gare. Il finit par tuer une autre fille et est transféré à l’hôpital psychiatrique.Le réalisateur vétéran a toujours été accusé de narcissisme. Il a réalisé son autobiographie sous une forme cinématographique dans la trilogie « Alexandrie » (« Alexandrie, pourquoi? », « Conte égyptien » et « Alexandrie encore et encore»). Dans le premier film, il décrit sa vie et comment il a commencé dans la cosmopolite Alexandrie pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant en lumière le statut de minorité et la tolérance qui existaient avant le changement de régime de 1952 du royaume à la république.Puis, dans “Egyptian Tale”, il décrit son expérience de chirurgie à cœur ouvert à Londres et les pensées qui lui sont venues lors de son contact avec la mort. Celui-ci faisait partie de ses films les plus bizarres et les moins compris par le public.Dans « Alexandria Again and Again », il a documenté la bataille contre une loi votée par le régime pour opprimer les voix des syndicats. La bataille était pour la liberté d’expression et la résistance qui a conduit au renversement de cette loi tyrannique.Joe a également travaillé comme acteur, producteur, réalisateur, écrivain et photographe dans la plupart de ses films, surtout après avoir obtenu une reconnaissance internationale. Son statut lui a donné la liberté et l’immunité contre les mouvements sociaux, artistiques et politiques rigides de la société égyptienne.Les films politiques dans la vie de Joe sont des repères, de « Gamila Bohrid », où il dépeint la vie de la légendaire combattante de la liberté algérienne et la torture qu’elle a subie par les forces d’occupation françaises ; à “Salah Eldin le Victorieux”, où il présente l’histoire du célèbre leader arabe qui a battu la troisième croisade. Dans « Al Asfoor » (Le Moineau), il montre le côté obscur du régime en persécutant les membres de l’opposition.“Adieu Bonaparte” est un autre jalon de sa carrière, dramatisant la période où Napoléon Bonaparte occupait l’Égypte et comment la rencontre avec la culture occidentale a affecté la société égyptienne d’alors.Une chose à propos de Joe, c’est qu’il n’a pas manqué de courage pour exprimer ses opinions, s’attaquer aux problèmes difficiles et tous les sujets tabous dans ses documentaires et ses films. Il avait les compétences et les moyens pour y parvenir.Chahine est décédé à son domicile le dimanche 27 juillet 2008, laissant son empreinte créative sur tous ses films.

