– Le style de Mahfouz a mis la littérature égyptienne et arabe à l’avant-garde du monde culturel international
– Une plume de magicien qui prend le lecteur où il veut, pour le mener dans le bas-fond des quartiers du Caire
– Un large succès à dépeindre la classe moyenne de la société égyptienne
Le fameux Prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz a été choisi comme personnalité de l’année, par le Centre pour la langue arabe d’Abou Dhabi qui organise le Salon international du Livre, vu son impact sur l’enrichissement de la vie littéraire et du secteur culturel, tant en Egypte que dans le monde arabe, ainsi que sur le plan international. Un colloque, sous le titre “Naguib Mahfouz aux yeux de l’Occident et du monde”, a été organisé à cette occasion, rassemblant une kyrielle d’importantes personnalités des domaines littéraire, intellectuel et médiatique.
Par Mohamed El-Sayed El-Azzawy

L’Egypte est toujours considérée comme le phare de la culture dans le monde arabe, grâce à son rôle actif et inspirant à ce plan. A travers plusieurs initiatives, l’Egypte a souvent beaucoup présenté à la culture arabe, a affirmé Dr Ali Ben Tamim, président du Centre pour la langue arabe d’Abou Dhabi. Il a ajouté que l’Egypte est pionnière et est toujours créative, en parlant des niveaux culturel et artistique.
Et l’éminent responsable de renchérir que l’Egypte a été choisie comme invitée d’honneur de cette édition du Salon international du Livre d’Abou Dhabi. Un choix qui tombe à pic, d’autant que l’écrivain et romancier Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature, est à son tour choisi comme personnalité de l’année, a souligné le Dr Ali Ben Tamim, en indiquant que le Centre pour la langue arabe d’Abou Dhabi a pour objectif principal de documenter la langue et la culture arabes pour les prochaines générations.
Ont pris la parole lors du colloque organisé pour honorer Naguib Mahfouz, le rédacteur en chef du journal Le Progrès Egyptien, Mohamed El-Sayed El-Azzawy, professeur Xue Qing-Guo (Bassam), directeur du Centre de Cheikh Zayed pour la langue arabe et les études islamiques aux universités d’études étrangères à la capitale, Dr Maurice Pomerantz, professeur de littérature arabe à l’Université de New York, Dr Vitaly Naumkin, président de l’Institut des études orientalistes à l’Académie russe des sciences, et comme modérateur du colloque, Mme Wen-Chin Ouyang, professeure de littérature arabe et comparée à l’Université de Londres.
“Naguib Mahfouz est une personnalité littéraire de poids qui a réussi- à travers ses romans et son style- à mettre la littérature égyptienne et arabe à l’avant-garde du monde culturel international”, a souligné M. Mohamed El-Sayed El-Azzawy.
Evoquant le style du Prix Nobel, M. El-Azzawy a expliqué que Mahfouz “a ce don et cette plume de magicien qui prend le lecteur où il veut, pour le mener dans le bas-fond des quartiers du Caire et dans le tréfonds de l’âme de ses personnages.
Et le rédacteur en chef du Progrès Egyptien de renchérir que la fameuse Trilogie de Mahfouz a été traduite en plusieurs langues, dont notamment, la langue française, ce qui a poussé les étrangers à visiter l’Egypte pour voir ce dont parle Mahfouz dans ses livres.
Il a ajouté que Naguib Mahfouz avait largement réussi à dépeindre la vie des Egyptiens, ainsi que la vie quotidienne dans les quartiers du Caire, outre la lutte entre le bien et le mal, l’amour et la haine, tout en parlant minutieusement de toutes les émotions qui s’entremêlent au fond de l’homme à l’égard de la femme, en plus des autres sentiments humains.
Et de souligner enfin que le style génial et les différentes caractéristiques de la littérature de Naguib Mahfouz le mettent au rand des sociologues, puisque ses romans effectuent une sorte de diagnostic de la société égyptienne et relatent l’émergence de la classe moyenne en Egypte, à travers la description détaillée et trop vivante des quartiers égyptien dans sa Trilogie, où il parle du développement de cette classe à travers plusieurs générations, et comment les personnes appartenant à cette classe étaient parfois hétérogènes puisqu’adoptant de différentes idéologies.
Le directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie, Dr Ahmed Zayed, a également participé au colloque, parlant de Mahfouz, comme étant le miroir de l’Histoire et de la société.
Le Dr Zayed a affirmé que Naguib Mahfouz est considéré comme un écrivain de classe mondiale et que l’influence de sa littérature est également mondiale, soulignant que “si nous voulons étudier son influence dans la société égyptienne et dans notre monde arabe, nous devons puiser dans sa perception de la société et l’étudier, tout en prenant en considération l’imagination du romancier, sa vision et de sa philosophie”.