Trois danseuses et actrices, représentantes d’époques et de styles différents, illustrent l’évolution de l’art de la danse du ventre sur grand écran. Retour sur le parcours de Samia, la pionnière, Nagwa, la modernisatrice et Fifi, la forte tête, selon l’Orient du jour.
Tout semble avoir été dit sur la danse orientale et pourtant… Scrutées, analysées sous tous les angles, les vedettes qui ont fait de cet art une culture sont souvent les grandes oubliées de l’histoire… Citées rapidement dans les diverses pièces contemporaines revenant sur l’âge d’or du raqs sharqi, les femmes l’ayant mis en avant sont le plus souvent la cible de discriminations. Le cinéma égyptien des années 1940 et 1950, bien plus libre, était représentatif des désirs et des besoins d’évasion des Arabes de l’époque, pour beaucoup, encore sous mandat de puissances occidentales. Le réalisateur tunisien Férid Boughedir l’explique dans un documentaire sur le sujet en 2021 : « En regardant ces films qui mettaient en avant la danse orientale, le colonisé pouvait pleurer devant les mélodrames, rêver devant les comédies musicales… », mais surtout se sortir de sa situation de colonisé en observant sa culture représentée à l’écran.
Samia Gamal, « la danseuse nationale d’Égypte »
Samia Gamal, au travers de ses chorégraphies sur grand écran, incarne « une forme de libération, une danseuse dont on voit les jambes, le nombril. La libération du corps est gaie, heureuse. Elle disait aux femmes que ce n’était pas grave de libérer son corps, de danser », se souvient Férid Boughedir. La jeune femme, que le roi Farouk surnommait « La Samia Gamal, au travers de ses chorégraphies sur grand écran, incarne « une forme de libération, une danseuse dont on voit les jambes, le nombril. La libération du corps est gaie, heureuse. Elle disait aux femmes que ce n’était pas grave de libérer son corps, de danser », se souvient Férid Boughedir. La jeune femme a été nommée par le roi Farouk « La danseuse nationale d’Égypte ».
Nagwa Fouad, la représentante du « raqs sharqi » en Occident
« La danse orientale est-elle pure ? » Telle fut la première question posée à Nagwa Fouad lors d’une émission de télévision qui lui était consacrée en 2013. Retirée de cet univers depuis plusieurs années, elle répond alors n’avoir jamais entretenu de rapport ambigu avec la danse dans toute sa carrière. Cette justification, Nagwa Fouad n’avait pas eu à la donner dans le passé. Les années où les médias et les plateaux de cinéma arabes recevaient une danseuse de raqs sharqi sans la rabaisser paraissent ainsi lointaines. Après l’âge d’or qu’a connu la danse orientale au travers de la représentation cinématographique menée, entre autres, par Samia Gamal, Tahiyya Carioca ou Zeinat Olwi, une nouvelle génération de jeunes danseuses ont fait leur apparition, et avec elles, une touche supplémentaire d’audace. En Orient, l’heure est au disco mais en Égypte, les traditions artistiques parviennent à tenir bon face à une culture mondialisée.