L’année 2023 est une année totalement différente des autres. Elle est unique en ses évènements et riche en ses mémoires. C’est aussi une année particulière dans l’histoire du mouvement féministe en Egypte, car elle coïncide avec la célébration du centenaire de l’Union des femmes égyptiennes, créée par Mme Hoda Chaarawy en 1923.
A cette occasion, nous allons présenter un bref aperçu de l’histoire du féminisme dans l’Egypte moderne. Au cours du siècle dernier, la voie était parsemée d’obstacles pour les femmes, même pour jouir de leurs droits les plus élémentaires. Elles devraient mener une lutte acharnée et presque impossible. Le féminisme égyptien a définitivement vu le jour en plusieurs étapes au cours desquelles il a fallu de nombreuses années de lutte et de persévérance.
La première étape commence dès la fin du XIXe siècle et continue jusqu’en 1919, période à prédominance patriotique. Cette étape se caractérise par une prise de conscience nationale au sein de la population. A cette époque, le féminisme n’était pas répandu dans toutes les classes sociales, contrairement à ce que l’on attendait, il se cantonnait aux seules classes moyennes et supérieures, et se caractérisait également par l’absence de représentation effective des femmes dans l’activité sociétale.
La deuxième phase (1919-1923) est marquée par le début de l’engagement des femmes dans la société, et leurs activités politiques, économiques et sociales apparaissent, notamment contre le colonialisme britannique. Les femmes égyptiennes ont participé pour la première fois à la révolution de 1919 pour protester contre le bannissement de Saad Zaghloul Pacha, chef du parti Wafd. En 1922, le mouvement féministe en Égypte a encouragé les femmes égyptiennes à boycotter les biens et produits de consommation britanniques en tant que femmes au foyer.
Quant à la troisième étape, elle s’est déroulée entre les années 1923 et 1939. Hoda Chaarawi a créé l’Union des femmes égyptiennes en 1923. Cette femme combattante était connue par son activisme remarquable sur les plans social et politique pendant cette période. Elle a dirigé l’Union des femmes et présidé le comité des femmes au parti Wafd.
Hoda Chaarawy a fondé l’Union des femmes égyptiennes dès son retour de Rome, suite à la Conférence internationale sur la femme, à laquelle elle a assisté avec Nabawia Mousa et Siza Nabarawy.
Cette union était chargée de changer les conditions des femmes au sein de la société, appelant à l’égalité juridique entre les hommes et les femmes et à ce que les femmes obtiennent leurs droits à l’éducation et aux soins de santé. Parmi ses objectifs, la lutte contre la pauvreté et l’analphabétisme.
Les efforts de l’Union des femmes n’ont pas été vains. Ils ont mené à des amendements constitutionnels en 1924 qui ont changé certaines des conditions des femmes en Égypte, comme la hausse de l’âge minimal du mariage pour les filles à seize ans.
Au cours de cette nouvelle période, une nouvelle génération de jeunes femmes a émergé de différentes catégories, telles que les étudiantes et les travailleuses.
D’autres partis féministes ont commencé à voir le jour, chacun avec sa propre vision et ses propres revendications, à l’instar du Parti des femmes égyptiennes, fondé par Fatima Neamat Rashed en 1942.
L’Association de la Fille du Nil – fondée en 1948 et dirigée par Doria Shafik – a revendiqué tous les droits politiques des femmes, car son premier objectif était la participation des femmes à la prise des décisions politiques.
Quelques figures féminines ont surgi dans cette période comme Ingi Aflaton, Zahira Hafez Abdine et Aïcha Rateb.
Inji Efflatoun
C’est une peintre égyptienne, et une militante féministe. Elle est considérée comme une pionnière et une des artistes importantes en Égypte au XXe siècle.
Au début des années 1940, elle est l’une des premières femmes à fréquenter la faculté d’art de l’université du Caire. En 1950, Aflatoun a rejoint le Comité des jeunes femmes de l’Union des femmes égyptiennes.
Doreya Chafik
Militante féministe, écrivaine et l’une des pionnières de la libération des femmes dans les années quarante du XXe siècle. En février 1951, elle dirigea une manifestation de femmes et prit d’assaut le Parlement. En 1954, elle entame une grève de faim de 8 jours pour protester contre l’absence de la femme parmi les membres du comité de préparation de la nouvelle Constitution.
Aïcha Rateb
Avocate, politicienne, chercheuse en droits de l’homme et militante féministe, Aisha Ratib a été nommée ministre des Assurances et des Affaires sociales au cours de la période 1974-1977, et elle a été la première femme nommée au poste d’ambassadrice et a dirigé la mission diplomatique égyptienne au Danemark et en Allemagne de l’Ouest. Aisha Ratib a obtenu un doctorat en droit en 1955 et a dirigé le Département de droit public à l’Université du Caire.
Ibtissamat Abdallah
Elle est la première femme à rejoindre l’armée en 1948 et également la première femme à participer aux guerres arabes de son époque où elle a servi dans l’hôpital de campagne de Gaza.