Pour définir la compétition entre la Chine et les Etats-Unis, ces deux raccourcis sont trompeurs, car ils offrent des grilles de lecture dépassées, analyse Le Monde , le 22 novembre 2021.
La marche de Xi Jinping vers un troisième mandat à partir de 2022 suffit-elle à faire de lui un « nouveau Mao » ? Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine constituent-elles le signe d’une « nouvelle guerre froide » ? Tentants, ces raccourcis sont trompeurs, et donc dangereux, car ils offrent des grilles de lecture dépassées.
Certes, en mettant fin, en 2018, à la limite des deux mandats présidentiels instaurée en 1982 par Deng Xiaoping pour éviter toute dérive impériale du pouvoir, Xi Jinping marche dans les pas de Mao. Le culte de la personnalité dont il fait l’objet est une autre caractéristique commune aux deux leaders. A la limite, on pourrait presque affirmer que Xi Jinping exerce le pouvoir de manière encore plus autocratique que Mao. Au moins, celui-ci devait composer avec son inamovible Premier ministre, Zhou Enlai, notamment en matière de politique étrangère. En revanche, on chercherait en vain une décision importante qui porterait la marque de Li Keqiang, Premier ministre depuis 2013.
Mais Mao Zedong était un révolutionnaire, ennemi du capitalisme et farouche partisan de la lutte des classes, un populiste qui n’hésitait pas à mobiliser les masses contre les élites et à alimenter le chaos pour se maintenir au pouvoir, comme il l’a prouvé en lançant la Révolution culturelle (1966-1976).