Essam Kamal, l’un des plus grands artistes contemporains, m’a invité à son exposition à la salle Cordoue. Je suis arrivé une demi-heure avant l’ouverture et j’étais accompagné du grand artiste Mohamed Hakim. Il se plaignait de douleurs au genou et se déplaçait avec difficulté. Mais dès que nous sommes entrés dans la salle, il a été submergé de bonheur en regardant les tableaux. Il tenait sa canne et se tenait devant chaque tableau en me parlant. Les couleurs étaient magnifiques, harmonieusement baignées dans la lumière du soleil. L’artiste pouvait dessiner avec talent des maisons, des rues, des arbres et des gens. Il y avait des tableaux où des efforts considérables étaient déployés pour le dessin, la coloration et la composition. Chaque tableau était un poème d’amour et d’affection pour l’Egypte et son peuple. Les paroles de Hakim étaient une grande reconnaissance pour l’art et la créativité de Kamal.
L’artiste se déplaçait dans la salle, et à ses côtés se trouvait Hakim. Il m’a confié sa canne et a commencé à indiquer avec ses mains et à taper sur l’épaule de l’artiste, qui était extrêmement heureux à chaque mot d’admiration. Dr Khalid Surur a écrit sur l’exposition : “L’artiste Essam Kamal est un photographe exceptionnel. Ses tableaux sont un véritable hommage à l’Egypte, représentant diverses scènes de la vie humaine et de l’environnement en Egypte. Ses œuvres sont une documentation artistique du tissu social. Il met également en lumière des vues magnifiques et uniques de l’environnement égyptien… Son style artistique est capable de transformer une scène plate en une scène profonde et dimensionnelle. Il se distingue par l’utilisation de la couleur. L’artiste utilise son pinceau pour documenter les bâtiments historiques avant qu’ils ne disparaissent ou ne changent, et veille à dessiner l’Egyptien laborieux avec toute la douleur et la souffrance qu’il porte.”
Essam Kamal dessine avec amour et croit que son travail de documentation des sites historiques joue un rôle national aussi important que celui du guerrier. Il parle des anciennes rues du Caire et de ses maisons anciennes comme s’il parlait d’un amour ancien, stimulant son imagination et ses sentiments. Dans l’un des tableaux, il indique sa profondeur en disant : “Derrière cette mosquée se trouve une ruelle ancienne avec, à son extrémité, un magasin de livres rares… Ou là-bas, derrière cette maison, il y a un restaurant où vont les gens modestes pour trouver de la nourriture à un prix abordable… Et cet arbre y va tous les dix jours pour le voir… Et cette maison a une vieille fenêtre où une vieille femme s’asseyait en appelant les vendeurs ambulants d’une voix douce…” Essam ne pose pas de couleurs franches sur la toile, mais les réutilise là où elles sont nécessaires, à partir de pierres de terre et de la nature, les éparpillant sur la toile, remplissant ainsi l’espace de ses tableaux comme s’il s’agissait de la nature brute ou du premier sentiment des choses.
L’exposition d’Essam Kamal est un psychiatre, une chanson d’amour, un poème et une chanson de beauté matinale, une femme de soixante-dix ans qui aime encore la vie. C’est un homme qui tient un enfant et indique chaque pouce de la patrie, lui recommandant de préserver le dernier espoir restant. C’est une formule magique et une amulette pour se libérer de la laideur. Je vous invite à voir l’exposition à la galerie Cordoba, elle se poursuit jusqu’au 8 mai… et elle vous enchantera comme elle m’a enchantée.