Par Samir Abdel Ghany
Dr Mohamed Orabi, le grand artiste visuel et doyen de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université égypto-russe et ancien doyen des beaux-arts de Louxor, m’a invité à visiter l’exposition (Un état sudiste) et quand je suis allé à la galerie Daï à Mohandissine, j’y ai rencontré le grand artiste soudanais Adel Kabidah. Le troisième partenaire de l’exposition, le célèbre ophtalmologue soudanais Kamal Hashem, n’était pas avec eux. Je leur ai demandé de voir l’exposition avant toute autre discussion, et j’ai erré entre deux salles: la première comprend les œuvres de Mohamed Orabi, cet artiste qui trace des lignes avec les vibrations du cœur.
Chaque tableau fait partie de l’histoire de l’humanité. Il y évoque tous les détails de son imagination étonnante puis les reformule pour que vous voyiez les grands-mères comme si elles parlaient ou ses bien-aimées comme si elles brillaient les nuits de pleine lune.
Dans l’exposition se trouvent quelques-unes des peintures de l’artiste de ses premières années. Les peintures de Dr Kamal Hashem, que les gens viennent admirer dans sa clinique, éclaircissent la vue et restaurent le pouvoir de la vue avec une énergie supérieure à celle des lasers et de tous les gouttes oculaires. Il reconstruit le monde qui l’entoure avec une image abstraite, à travers une palette de couleurs très vives avec le Soudan et ses habitants. Il présente des œuvres très simples, très uniques, comme si elles provenaient du Nil, et elles ont un rythme musical lié vous faisant rester debout dans la salle alors que vous vibrez au rythme de la couleur et élevez votre stature vers le ciel.
Dans la deuxième salle, l’artiste Adel Kabidah présente ses œuvres inspirées de mondes étranges. Il faut un œil perspicace et un cœur blanc pour pouvoir lire les sortilèges et les occultations et déchiffrer les hiéroglyphes de chaque œuvre ou y entrer et être un de ses héros… Adel Kabidah pratique la magie sur chaque scène, et si vous le souhaitez, vous devez exprimer tout ce que vous savez sur le monde invisible… Kabidah ne cherche rien d’autre, il se présente nu devant le public, fier de sa magie et de son énergie créatrice qui inspire tout son entourage.
Il ne pratique pas l’art, mais l’art, c’est ce qui se pratique. Pourtant, l’artiste m’a surpris lorsqu’il a dit que cette exposition n’était pas une expression du Sud. Quand on veut parler du Sud, ce qu’on présente doit être des dizaines de fois plus beau que ça, mais c’est le début de la réalisation du rêve. Je regardais Dr Orabi, essayant de comprendre, et il m’a dit: “ nous parlons depuis des années d’un rêve, plus grand que l’idée de l’exposition, un rêve qui rassemble notre créativité pour affronter le monde qui nous vole et nous traite d’inférieurs. L’appel au retour vers le sud repose sur un ensemble de principes que nous avons écrit au départ afin de créer un dialogue riche au profit de l’art en quête du sens du Sud.
Il m’a envoyé ces conseils :
1- Un appel qui va au-delà du fanatisme et du racisme, car chacun de nous a son sud.
2- Reconnaître ce que l’histoire matérielle a témoigné de l’émergence des civilisations humaines dans les terres du sud.
3- L’appel au retour vers le sud est considéré comme un précédent pour les événements ultérieurs et est plein de vie et de logique dialectique.
4- L’importance du savoir et l’importance de l’artiste instruit.
5- Recherche continue sur les piliers philosophiques, culturels, historiques et anthropologiques et travail pour faire revivre le patrimoine humain tout en respectant le développement des technologies, outils et méthodes modernes.
6- Les forces cachées des choses exercent une pression mentale qui dépasse la perception visuelle et la dépasse dans le processus d’existence.
7- Invoquer le statut ontologique des sujets métaphysiques.
8- S’imprégner du sens soufi et surréaliste.
9- Connexion à l’environnement culturel du créateur
10- Abstraction de l’existence immatérielle des espaces métaphysiques des idées et des perceptions
11- L’état d’équilibre entre l’esprit et l’œil, c’est-à-dire créer des liens entre la logique et l’intuitif et le sensoriel
12- Respecter l’acte du temps et du lieu.
13- Respecter la vie privée du créateur et du produit populaire ou hérité et ne pas l’interférer avec les nouveaux thèmes de l’artiste, ainsi que son vocabulaire visuel et ses symboles.
14- Respecter la vie privée du créateur dans ses démarches artistiques et ses méthodes de recherche.
15- Honnêteté et spontanéité dans l’expression.
Nous considérons ce qui a été mentionné dans le livre de l’exposition « Un état sudiste» comme la première production pratique du groupe. L’invitation est ouverte au dialogue et à la pratique. J’avais l’habitude d’imaginer que ceux qui cherchaient leur identité n’étaient plus parmi nous ainsi que ceux qui aimaient leur patrie. Alors j’ai découvert que le secret de la grandeur de cette patrie qui nous unit c’est qu’elle a des amoureux qui aiment chaque grain de sable. J’écris cet article artistique qui m’exprime moi.